Histoire de saint Leonard

 

 

 La vita sancti Leonardi

Le plus ancien texte sur la vie de saint Léonard : La vita  sancti Leonardi, a été établi au XIème siècle à la demande de Jourdain de Laron, évêque de Limoges.

C’est à partir de cette époque que le modeste et local pèlerinage sur le sanctuaire de Léonard à Noblat (Limousin – France) s’est développé et que le culte du saint s’est répandu.

 

 

Vie de saint Léonard

Voici l’essentiel de cette vie du saint, diffusée au XIe s.  

Léonard naît en France vers la fin du Vème siècle au temps où Anastase est Empereur d’Orient [491 – 518]. Il est issu d'une famille franque bénéficiant de hautes fonctions à la cour du roi Clovis. Il est baptisé par saint Rémi et grandit à l'école de ce grand saint.

Il reçoit du roi des Francs le privilège de libérer les prisonniers qu'il en juge dignes.

Adolescent, il refuse l'invitation à accéder aux dignités de l'Eglise et choisit de servir Dieu dans une condition obscure. Avec son frère Liphard, il séjourne au monastère de Micy (près d'Orléans), dirigé par saint Maximin  et pépinière de saints. Saint Maximin le conduit auprès de l'évêque d'Orléans de qui il reçoit le diaconat. 

Léonard quitte Micy et descend vers le Limousin couvert de forêts, remonte la vallée escarpée de la rivière Vienne jusqu'à une "montagne" : le site forestier de Pauvain. Il y fonde son ermitage. 

Face à la montagne, se dresse, de l'autre côté de la Vienne, un château où s'abritent les princes de l'époque et seigneurs de ces contrées lorsqu'ils viennent chasser.

La vita  sancti Léonardi  rapporte la  légendaire délivrance de couches par saint Léonard d'une reine des Francs lors d'un séjour de chasse en ce lieu. Le roi reconnaissant aurait alors accordé à Léonard  la portion de forêt qu'il pouvait circonscrire en chevauchant un âne pendant la nuit. Sur ce domaine appelé ”Noblat”, Léonard édifie un oratoire "Notre Dame de sous les arbres" dédié à la Vierge Marie et à saint Rémi. A sa prière, une source intarissable jaillit dans un puits creusé par ses deux disciples que rebute la corvée d'eau jusqu'à la rivière Vienne.

La renommée de piété et de compassion de Léonard attire bientôt à lui de nombreuses personnes en particulier des prisonniers assurés d’être accueillis après leur libération.

En défrichant la vaste forêt, ces anciens délinquants trouvent travail et foi et ne retombent pas dans leurs habitudes de rapines et de méfaits. C'est là un des plus anciens exemples de réinsertion de prisonniers libérés. D'anciens parents et serviteurs proches, ayant entendu le bruit de toutes les merveilles accomplies par Léonard, viennent eux-aussi se mettre au service de Dieu auprès de lui et il leur attribue des portions de la forêt.

Léonard meurt dans la piété un 6 novembre au milieu de sa communauté et est enterré dans l'oratoire qu'il a créé. Les miracles continuent après sa mort :

« Mort, il opéra des merveilles. »                                       

Le bruit des prodiges qui s’opèrent sur le tombeau de saint Léonard attire un grand concours de peuple et une petite ville se développe progressivement qui porte le nom de son fondateur. 

 

 

 

 

Saint Léonard devant Clovis Ier. Jacobus de Voragine, Legenda aurea, xive siècle.
Saint Léonard devant Clovis Ier. Jacobus de Voragine, Legenda aurea, xive siècle.

 

 

Contexte historique

La vita situe saint Léonard à la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle.

L’Europe a subi de grands bouleversements.  

 

Après avoir longtemps résisté à la pression des migrations armées venues de l'Est, l'empire romain d'Occident s'est effondré en 476. Théodoric, roi Ostrogoth, est entré en Italie à la tête d'une armée en 489 et s'est fait nommer roi de Ravenne. Il règne désormais en Italie.

 

La Gaule est partagée entre différents peuples conquérants adeptes du paganisme ou de l'hérésie arienne. Toutefois, au centre de la Gaule, demeure une population gallo-romaine chrétienne, fidèle aux enseignements du concile de Nicée. Au début du Vème siècle, un mouvement d'approfondissement spirituel démarre alors chez ces chrétiens conduits par un idéal renouvelé: renoncement aux richesses et au pouvoir, désir d'ascèse...

Des personnalités chrétiennes: saint Germain évêque d'Auxerre, sainte Geneviève à Paris, saint Rémi, évêque de Reims, les évêques du centre dédié à saint Martin de Tours... vont en être les inspirateurs et influer sur les événements. Ils forment un véritable réseau spirituel actif et, plutôt que d'affronter par la force les royaumes ariens barbares, ils vont s'efforcer de les convertir.

 

Clovis est alors un petit roi à la tête du peuple franc-salien au nord de la Gaule; il va étendre peu à peu son territoire vers le sud en affrontant successivement les autres puissances occupant ce  pays. Il se convertit au christianisme et reçoit le baptême à Reims en 499. Pour compléter sa conquête, Clovis occupe les deux "Aquitaine" au sud-ouest de la Gaule en repoussant les Wisigoths en Espagne lors de sa campagne de 507 dirigée vers Poitiers, Limoges et Arles

 

Les circonstances apparaissent alors favorables pour que l'ermite Léonard s'installe à Noblat, à un carrefour de routes au bord de la rivière Vienne, pour évangéliser une population libérée de la présence des Wisigoths ariens et soulagée de la répression qu'ils exerçaient contre le culte chrétien.

 

 


La ville de Saint-Léonard de Noblat

Origine et développement 

En l’absence de documents avant le Xème siècle, il n’est pas possible de dater la naissance de la ville de Saint-Léonard de Noblat. Mais sa situation au carrefour de deux itinéraires importants très anciens, (l’un reliant Bourges à Bordeaux, l’autre l’oppidum gaulois tout proche de Villejoubert à Card, près d’Ambazac) et à proximité d’un gué pour franchir la rivière Vienne, permet de penser qu’un noyau d’habitations s’est maintenu de la période gallo-romaine au Moyen-Age. Il est aussi vraisemblable qu’un lieu de culte y a été construit, et a connu un petit développement.

A partir du XIème siècle, l’existence de la ville de Noblat, pourvue de chanoines et d’un représentant du pouvoir administratif et justicier, est attestée dans des manuscrits. La publication à cette époque de la Vie de saint Léonard et la renommée grandissante de celui-ci contribuent nettement au développement de la cité.

Une collégiale, capable d’accueillir de nombreux fidèles vient remplacer l’église existante. La ville acquiert une certaine autonomie avec le droit d’élire ses consuls. Elle a alors un périmètre identique au centre-ville d’aujourd’hui.

Le commerce de la viande et des peaux se développe, auquel s’ajoute au XVème siècle un artisanat de dinanderie. Puis deux siècles plus tard, grâce aux nombreux moulins établis sur la Vienne et ses affluents, naissent une industrie textile et surtout une activité papetière qui fait de Saint-Léonard un centre renommé dont la prospérité se lit dans les maisons de l’époque.

 

La construction d’un nouveau pont sur la Vienne à la fin du XVIIIème siècle, puis un siècle après celle de la ligne de chemin de fer donnent un nouvel élan commercial à la cité. 

 

 

 

Forte de 4800 habitants et siège d'une communauté de communes en regroupant plus de 10 000, la ville actuelle de Saint-Léonard de Noblat, traversée par le Chemin de saint-Jacques de Compostelle , voie de Vézelay, est un pôle incontournable à l'est de Limoges.

Son histoire, son patrimoine bâti, ses fêtes attirent de nombreux visiteurs .